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Télétravail : la crise sanitaire a fait bouger les lignes

Publié le - Mis à jour le

Avec la crise sanitaire et le confinement, les entreprises ont dû s’adapter et improviser pour continuer leurs activités. De nombreux salariés ont délaissé leur bureau pour télétravailler. Nul doute que cette expérimentation grandeur nature suscite bien des questions, tant chez les salariés que chez les dirigeants. Les collaborateurs ont-ils apprécié de télétravailler ? Les entreprises y trouvent-elles leur compte ? Que dit la loi en matière de télétravail ? Télétravail et rentabilité : qu’en est-il vraiment ? Éclairages… 

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Télétravail : la crise sanitaire a fait bouger les lignes  

Définition du télétravail

Le télétravail est une activité professionnelle qui est assurée, en totalité ou en partie, en dehors des locaux de l’entreprise qui emploie le télétravailleur. Cela signifie que le salarié, au lieu d’être à son bureau, travaille depuis chez lui, au sein d’un espace de coworking ou bien encore d’un site quelconque comme un café, par exemple. Le télétravailleur peut être installé dans la même ville que l’entreprise qui l’emploie ou bien encore à l’étranger. Dans ce dernier cas, il importe néanmoins de se pencher sur les conséquences que cela peut avoir sur le plan fiscal, notamment. Certains pays ont négocié entre eux un nombre de jours de télétravail autorisés, par an. C’est le cas, par exemple, entre la France et le Luxembourg où travaillent près de 100 000 travailleurs frontaliers. 

Le télétravail, peu pratiqué avant la crise du Covid-19

Le télétravail a bénéficié du développement des technologies, tout particulièrement du net, pour se développer ces dernières années. Mais il reste marginal. 

Dans une étude publiée en novembre 2019, la DARES (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques, dares.travail-emploi.gouv.fr) indiquait que le télétravail était peu répandu, en 2017. Il y avait alors 1,8 million de télétravailleurs en France, soit 7 % des salariés. Seuls 3 % des salariés le pratiquaient au moins un jour par semaine. Le télétravail restait donc très occasionnel. Les télétravailleurs étaient majoritairement des cadres (61 %) et plus nombreux dans les métiers de l’informatique et de la télécommunication. Si les femmes télétravaillaient presque autant que les hommes, la situation familiale jouait sur le recours à ce mode d’organisation du travail. Les salariés avec un enfant de moins de 3 ans étaient plus souvent télétravailleurs. Le télétravail régulier était également plus fréquent en Île-de-France ainsi que dans les aires urbaines denses, où les temps de trajet domicile-travail sont les plus longs.

Point important : dans cette étude, la DARES indiquait également que 61 % des Français étaient désireux de télétravailler. Le confinement lié au Covid-19, qui a, de facto, boosté le télétravail, a donc permis à bon nombre de salariés de concrètement expérimenter ce « désir » de télétravail. 

Les Français ont apprécié « l’expérience »

Les données diffèrent selon les sources, mais durant le confinement et la phase de déconfinement, ce sont environ 30 % des salariés qui ont télétravaillé ou télétravaillent encore, en France. 

Ont-ils apprécié l’expérience 

Il semblerait. Selon une étude (Odoxa-Adviso pour Challenges, France Info et France Bleu, mars 2020), 55 % des actifs qui ont télétravaillé durant le confinement souhaiteraient en profiter pour télétravailler davantage, durablement. Une tendance que confirme, entre autres, une enquête réalisée par Deskeo, opérateur de bureaux flexibles en France : 62 % des télétravailleurs sondés souhaitent continuer de travailler à distance après l’épisode coronavirus (sondage réalisé auprès de 2 915 professionnels, du 2 au 8 avril 2020). 77 % des femmes et plus de 82 % des hommes sont également disposés à ne plus avoir un poste de travail attitré au bureau. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont disposés à télétravailler à 100 %. 

Télétravail : avantages et inconvénients

Télétravailler s’accompagne de différents avantages : 

  • meilleur équilibre vie personnelle/vie professionnelle, 
  • économies, ne serait-ce que ceux liés aux déplacements pour se rendre à son travail, 
  • souplesse dans l’organisation et gestion du temps… 

Les salariés qui avaient encore quelques doutes d’ordre « technique » ont également pu constater, lors du confinement, que les outils informatiques favorisant le télétravail sont au point. Zoom, Teams et Hangouts, par exemple, ont le vent en poupe. 

Le télétravail a également pour atout d’être en phase avec l’impérieuse nécessité de prendre soin de l’environnement. Le fait de ne pas se déplacer pour se rendre sur un site réduit la pollution, en plus de faire gagner un temps précieux.

Cela dit, les salariés le disent aussi, télétravailler à domicile génère également des difficultés. Les sondages et autres enquêtes réalisés ces dernières semaines évoquent :

  • l’isolement qui érode la motivation du fait d’échanges plus formalisés, 
  • des moments de sociabilité réduits, 
  • un manque d’émulation collective,
  • l’impossibilité de se créer, à domicile ou au sein d’un autre site, un espace de travail confortable.

Qu’en disent les entreprises ? 

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises s’intéressent d’un peu plus près au télétravail. Surtout si les dirigeants constatent que la performance et la rentabilité ont été maintenues ou améliorées. 

Certaines entreprises comme PSA Facebook ou Twitter, par exemple, ont récemment annoncé que le télétravail ne serait plus l’exception, mais la règle. 

D’autres tourneront la page et continueront de fonctionner comme avant. La culture du présentéisme reste forte dans certaines entreprises. Tous les managers ne sont pas disposés à repenser leur modèle de fonctionnement. 

Plus nombreuses sont, peut-être, celles qui s’interrogent et qui n’excluent pas d’injecter une dose de télétravail pour permettre à leurs salariés de travailler depuis un autre site.

L’heure est au bilan, à la réflexion, au partage d’expériences. Une phase nécessaire. Favoriser le télétravail implique toute une organisation, un accompagnement, un « environnement ». Il faut, aussi, parvenir à un savant dosage afin que la démarche soit profitable à l’entreprise et à ce qu’elle a de plus précieux aux dires des dirigeants eux-mêmes : les salariés. 

Il importe donc de définir une stratégie et de procéder par étapes. On va y revenir. 

Qui a droit au télétravail ?

Le télétravail peut être exercé par les salariés du secteur privé ou le personnel des personnes publiques employé dans les conditions du droit privé.  

Sur le plan légal, la mise en place du télétravail est simple tant pour l’entreprise que pour l’employé. 

La loi sur le renforcement du dialogue social a apporté des simplifications majeures pour mettre en place le télétravail. Il n’est plus nécessaire de modifier le contrat de travail pour permettre à un salarié de télétravailler. Un simple accord entre l’employeur et le salarié peut suffire. Le télétravail peut être instauré dans le cadre d’un accord collectif ou, à défaut, via une charte (après avis des représentants des salariés) au sein de l’entreprise. 

Cette charte doit préciser :

  • Les conditions de passage en télétravail et les conditions de retour en entreprise
  • Les modalités d’acceptation par le salarié des conditions de mise en œuvre du télétravail
  • Les modalités de contrôle du temps de travail et les plages horaires durant lesquelles l’employeur peut contacter le salarié en télétravail.

La loi précise également qu’en l’absence d’accord collectif ou de charte dans l’entreprise, le salarié et l’employeur peuvent se mettre d’accord pour recourir au télétravail. C’est notamment le cas lorsque le recours au télétravail est occasionnel ou ponctuel. L’employeur et le salarié peuvent alors formaliser leur accord via un simple échange d’emails. 

L’employeur peut tout à fait refuser le télétravail à un collaborateur. Dans ce cas, il doit, dès lors, justifier sa décision. En ce qui concerne le télétravailleur, le refus d’accepter un poste en télétravail, n’est pas un motif de rupture du contrat de travail.

Il est également évident que le télétravail n’est pas compatible avec tous les métiers, certaines activités nécessitant une présence sur site.

Quels métiers pour le télétravail ?

Il n’y a pas de métier ou d’activité type. Tous les métiers qui ne nécessitent pas une présence au sein de l’entreprise ou sur un lieu de travail précis, pour diverses raisons. Tout salarié dont le poste de travail est compatible avec le travail à distance peut donc, en théorie, télétravailler. Cela concerne de 8 à 10 millions d’emplois, en France.  

Des métiers comme ceux de pilote d’avion, caissier, cuisinier, serveur, les masseur-kinésithérapeute ou bien encore certains métiers de la banque ne s’y prêtent guère, sans qu’il soit nécessaire d’expliquer pourquoi. 

À l’opposé, certains métiers et activités se prêtent tout particulièrement bien au télétravail, y compris à temps complet. 

Les métiers du digital et du web : développeur, chef de projet, community manager référenceur, consultant en web marketing, rédacteur, graphiste…

Les métiers liés à des tâches administratives : secrétaire, assistant de direction, opérateur de saisie…

Les métiers de la presse et de contenus rédactionnels : journaliste, copywriter, traducteur, photographe… 

Les métiers de la finance et de la gestion (dès lors qu’il n’est pas nécessaire de sécuriser l’échange de données transitant entre deux sites) : gestionnaire de patrimoine, conseiller financier, expert-comptable…

Les métiers et activités assurant des services à la personne : assistant familial, coach à domicile, coiffeur…

Entreprises : comment contrôler le télétravail ?

Parce que son bon fonctionnement l’exige, l’entreprise peut imposer des heures de travail à son salarié et veiller à ce que ces horaires soient respectés.

Le fait de télétravailler ne pose donc pas de difficultés particulières en la matière. Bon nombre d’entreprises travaillent également en mode projet, il est facile de vérifier que les tâches confiées ont été réalisées, ou pas.

En revanche, le contrôle sous-tend une autre question : quid de la rentabilité et de l’efficacité du télétravailleur par rapport à celles générées lorsqu’il travaille au « bureau » ? 

Il est difficile d’affirmer que la personne qui télétravaille est plus (ou moins) productive à son domicile qu’au bureau. 

Différentes informations vont en ce sens :

  • le télétravailleur ne perd plus de temps dans les transports, ce qui génère du stress,
  • il est plus autonome dans son organisation,
  •  il est moins distrait par ses collègues, tout particulièrement s’il travaille habituellement dans des sites comme un open-space,
  •  il peut plus aisément s’organiser de manière à concilier vie personnelle et vie professionnelle. 

Cela dit, le télétravail peut aussi générer de la souffrance liée à l’isolement, à l’accumulation de tâches ou bien encore à l’impossibilité de se créer un espace de travail, performant. Sur ces points, l’absence de supervision ou sa limitation peuvent être préjudiciables, au salarié et donc à l’entreprise. 

D’où l’importance, pour l’entreprise, de ne pas improviser, mais de développer une véritable « culture d’entreprise » en matière de télétravail. Il doit être anticipé. Ce qui implique de :

  • mener une réflexion, 
  • de préciser des objectifs, 
  • de définir les modalités d’une expérimentation,
  • de l’évaluer pour ensuite envisager son déploiement.

Tout cela doit se faire dans la concertation avec les salariés, s’accompagner de formations, de nouvelles façons d’envisager le management, voire de sérieusement se remettre en cause. 

Un dernier point n’est pas à négliger lorsque l’on évoque la rentabilité d’un télétravailleur. Compte tenu du prix de l’immobilier dans certaines villes, nul doute que le fait de pouvoir réduire les m2, grâce au télétravail, participe à réduire sérieusement les charges.  

Télétravail : les droits et obligations de l’employeur et du salarié

Le télétravailleur bénéficie des mêmes droits que les autres salariés de l’entreprise travaillant dans ses locaux. Il a accès à la formation professionnelle, il participe aux élections professionnelles, il bénéficie de l’entretien annuel obligatoire ou bien encore des Tickets restaurant si l’entreprise les utilise… 

Rien ne change dans ces domaines. Le salarié de l’entreprise doit être considéré comme un salarié, à part entière. 

S’y ajoutent néanmoins quelques obligations spécifiques ou des « points » à éclaircir. 

Matériel et équipement

L’employeur peut prendre en charge les coûts liés à l’activité en télétravail. Il peut financer les abonnements (téléphone, internet…), acheter les logiciels ou bien encore prendre en charge le coût de l’énergie, par exemple. 

Mais cette prise en charge n’est plus obligatoire depuis la réforme du Code du travail. Elle peut être précisée dans l’accord collectif ou la charte sur le télétravail de l’entreprise. Dans le cas contraire, ces charges seront donc à négocier et à préciser par écrit. 

Les différents outils confiés par l’entreprise (ordinateur, casque, écran, imprimante…) à son salarié, pour son travail, sont généralement couverts par l’assurance multirisque professionnelle de l’entreprise. 

Temps de travail et horaires

L’un des grands avantages du télétravail évoqués par les salariés, c’est la possibilité de s’organiser selon ses désirs. Certains métiers offrent cette liberté. Pas tous. L’employeur peut donc tout à fait imposer des heures de travail à son salarié et veiller à ce que ces horaires soient respectés. Ces modalités doivent être précisées par écrit. Au registre de ses devoirs, l’employeur doit, bien entendu, payer les heures supplémentaires éventuellement effectuées. 

Accident du travail

Si l’accident survient sur le lieu du télétravail, pendant les horaires de travail, alors cet accident est présumé être un accident du travail. 

Arrêt du télétravail

Le salarié en télétravail qui désire faire son retour au sein de l’entreprise est prioritaire pour occuper ou reprendre un poste qui correspond à ses qualifications et compétences professionnelles.

Vers une recherche d’équilibre ?

Bon nombre d’entreprises, dans divers secteurs d’activités, se posent aujourd’hui des questions en la matière. La crise sanitaire et le confinement ont servi de vaste terrain d’expérimentation en la matière. Des enseignements en seront tirés. Il ne faut pas s’attendre à une révolution, a priori. Une majorité de salariés est favorable au travail à distance. Ils sont, aussi, nombreux à souligner qu’ils ont besoin de rencontrer du monde, d’échanger avec leurs collègues, physiquement. Besoin de relations sociales, tout simplement. L’idéal résiderait donc un équilibre entre des journées télétravaillées et des journées au sein de l’entreprise. Pas toujours simple à mettre en place, mais rien d’impossible non plus, dès lors que le métier, l’activité ou le travail s’y prête et que la démarche s’avère profitable, in fine, à l’entreprise. 

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