Cela n’est guère surprenant au vu de la crise sanitaire — et bientôt économique — provoquée par le COVID-19.
Personne n’attendait la pandémie, et tous les secteurs d’activité ont été impactés tout au long de l’année, obligeant les entreprises à s’adapter et à s’organiser en fonction de cet évènement que personne n’attendait.
Alors que le monde économique et industriel continue de faire face à la crise et d’explorer de nouvelles façons de fonctionner et de stimuler leur croissance, Gartner met en lumière les principales tendances stratégiques à venir dans un article paru sur leur site internet il y a peu de temps.
Les tendances technologiques stratégiques que Gartner annonce pour 2021 ne sont pas faites pour fonctionner indépendamment, mais au contraire, pour être mises en œuvre ensemble, et offrir aux entreprises qui les adoptent une « plasticité » organisationnelle qui les aidera à performer au cours des cinq prochaines années et à se démarquer de la concurrence.
Selon Gartner, les tendances pour l’année 2021 s’articulent autour de trois thèmes :
– Une approche centrée sur la personne, avant tout (People centricity) : Malgré la pandémie, ce sont les gens qui restent au centre du monde professionnel et économique, bien que tout le monde reconnaisse l’importance croissante des moyens technologiques numériques.
– Une indépendance des points névralgiques pour le commerce et l’économie (Location independence) : On s’aperçoit que le COVID-19 s’est propagé dans tous les composants de l’écosystème organisationnel économique : bureaux, usines, lieux de ventes, etc., touchant les employés, les clients, les fournisseurs, et rendant par là même indispensable une indépendance de tous les lieux physiques et virtuels qui concourent à la vitalité économique.
– De la résilience (resilient delivery) : Quels que soient les obstacles — épidémies, récession, etc. — qui se mettent en travers des moyens de production et de diffusion économiques et commerciaux, les entreprises doivent se montrer fortes et adopter un caractère résilient, notamment grâce aux apports technologiques.
Les entreprises qui sont prêtes à évoluer et à s’adapter seront capables de faire face à tous les types de perturbations dans le futur. Sans surprise, les tendances technologiques que Gartner nous annonce pour 2021 ne sont pas pensées pour fonctionner indépendamment ; elles doivent au contraire se compléter et se renforcer mutuellement. C’est ensemble qu’elles permettront une « plasticité organisationnelle » qui aidera à guider les entreprises au cours des cinq prochaines années.
I- Un centrage sur la personne
a- L’internet des comportements
L’internet des comportements, abrégé par Gartner en « IoB », capture en quelque sorte la « poussière numérique » de la vie des gens à partir de diverses sources, et les informations qui en ressortent peuvent être utilisées par des entités publiques ou privées pour influencer les comportements.
Les données peuvent provenir de diverses sources, des données relatives aux clients et aux médias sociaux à la reconnaissance faciale.
Et comme de plus en plus de données deviennent disponibles, l’IoB va nécessairement capter des quantités astronomiques d’informations.
En outre, la technologie qui est en capacité de rassembler toutes les données et d’en tirer ce qu’il y a de plus profond va devenir de plus en plus sophistiquée.
Gartner ajoute que l’IoB présente également une dimension sociale et éthique significative dont les implications ne doivent pas être sous-estimées.
b- L’expérience totale
L’expérience totale telle qu’envisagé par Gartner combine des disciplines traditionnellement cloisonnées comme la « multiexperience » (MX), l’expérience client (CX), l’expérience employé (EX) et l’expérience utilisateur (UX), et les lie dans le but de créer une meilleure expérience globale pour toutes les parties.
Avec l’objectif global de transformer la notion d’expérience telle qu’on la connait aujourd’hui, l’expérience totale devrait permettre aux entreprises de relever les défis catalysés par le COVID-19 et d’identifier de nouvelles activités qu’elles pourront intégrer et développer.
c- Une analyse des données capable de préserver la vie privée
L’analyse des données du futur comprend trois types de technologies capables de protéger les data lorsqu’elles sont utilisées pour activer le traitement sécurisé des données et leur analyse :
- La première offre un environnement de confiance dans lequel les données peuvent être traitées ou analysées.
- La seconde effectue le traitement et l’analyse d’une manière décentralisée.
- La troisième transforme les données et les algorithmes avant traitement ou analyse. Cela inclut des processus complexes tels que la confidentialité différentielle, le chiffrement homomorphique, etc.
II- Une indépendance des points névralgiques
a- Le « distributed cloud »
Le distributed cloud offre des options de cloud public dans différents emplacements physiques. Dans la vision idéale proposée par Gartner, une entreprise de cloud public maintient, exploite et fait évoluer les services, mais peut également mettre en œuvre des actions physiques si besoin est. Cela participe à résoudre les problèmes de latence, mais aussi les réglementations liées à la confidentialité qui exigent que certaines données demeurent dans un lieu géographique spécifique. Le distributed cloud permet aux clients de bénéficier d’un cloud public et d’éviter ainsi les coûts et les complications liés à l’utilisation de solutions cloud privées.
b- Agir en tout lieu
Ce que Gartner appelle « Anywhere operations » fait référence à un modèle d’exploitation informatique conçu pour accompagner les clients partout, afin de permettre aux employés de s’activer en tout lieu et de gérer le déploiement de services commerciaux à travers une infrastructure distribuée.
Le modèle de référence pour le concept « Anywhere operations » tient en quelques mots : « digital first, remote first ». Ce qui illustre bien cette volonté d’omniprésence sur tous les aspects du terrain commercial et de production.
Cependant, ce modèle ne se résume pas à une question de distance. Il doit aussi pouvoir offrir des expériences comportant une valeur ajoutée unique.
Gartner affirme en outre que l’apport d’une expérience numérique transparente et évolutive nécessitera forcément des changements importants dans l’infrastructure technologique, les pratiques de gestion, et les politiques de sécurité et de gouvernance.
c- Le maillage cybersécuritaire
Le maillage cybersécuritaire, que Gartner a baptisé « Cybersecurity Mesh » consiste en une sorte de cybersécurité à la fois évolutive, flexible et fiable.
On a constaté cette année que l’épidémie de COVID-19 a accéléré une tendance existante dans laquelle la majorité des actifs sont désormais situés en dehors des paramètres de sécurité physiques.
Le maillage cybersécuritaire qui vient devra permettre à toute personne d’accéder et d’utiliser n’importe quel actif numérique en toute sécurité, où qu’elle se trouve, en procurant un haut niveau de sécurisation.
Pour Gartner, il est essentiel que la cybersécurité suive le rythme effréné de la transformation digitale amorcée par les entreprises.
La solution proposée — le maillage cybersécuritaire — procure un modèle de sécurité qui conserve une certaine flexibilité pour fonctionner dans les conditions actuelles sans toutefois entraver la croissance des entreprises.
III- De la résilience
a- Un business intelligent et flexible
Selon Gartner, les entreprises ont passé les dernières années à se concentrer sur l’efficacité de leur processus, ce qui a finalement eu un effet négatif avec la perturbation majeure qu’a provoqué le COVID-19, car de nombreux processus métier sont devenus au fil du temps trop fragiles pour pouvoir s’adapter rapidement.
La firme de conseil américaine préconise donc une architecture de reconstruction pour les entreprises qui doit comprendre les éléments suivants :
- Un accès optimal aux informations et données
- La possibilité d’étoffer ces informations avec des connaissances et des idées nouvelles
- De la flexibilité et de la modularité pour répondre et s’adapter plus rapidement par rapport aux décisions qui sont prises
b- L’ingénierie de l’Intelligence Artificielle
Il apparait que les projets qui intègrent de l’IA échouent souvent en raison de problèmes de maintenabilité, d’évolutivité et de gouvernance.
Cependant, Gartner fait remarquer que sans une stratégie d’ingénierie d’IA ambitieuse, la plupart des entreprises ne parviendront jamais à faire passer les projets d’IA de la phase de concepts et de prototypes à une production à grande échelle.
L’ingénierie de l’IA repose sur trois piliers fondamentaux : DataOps,
ModelOps et DevOps.
Le DevOps traite principalement des changements de code à grande vitesse, et les entreprises doivent impérativement appliquer ce principe à travers le pipeline de données pour faire en sorte que le DataOps et le pipeline de modèles d’apprentissage automatique permettent aux ModelOps de profiter de tous les avantages que procure l’ingénierie de l’IA.
c- L’hyperautomation
D’après Brian Burke, vice-président chargé de la recherche chez Gartner, « L’hyperautomatisation est irréversible et inévitable. Tout ce qui peut et devrait être automatisé sera automatisé. »
Rappelons ici que l’« hyperautomatisation » est un processus dans lequel les entreprises automatisent autant de processus commerciaux et informatiques que possible à l’aide d’outils tels que l’IA, l’apprentissage automatique, des processus robotiques d’automatisation et d’autres types de processus qui concernent les décisions et les tâches effectuées par les outils d’automatisation.
Les entreprises sont souvent tirées vers le bas par ce qu’on appelle la « dette organisationnelle », qui comprend les aspects techniques, de processus, de données, de compétence, et de sécurité et dette sociale.
Que signifie ce terme de « dette organisationnelle » ? Il recouvre en réalité toutes les formes d’intérêts que paient les entreprises lorsque leur structure et leurs prises de décision deviennent immobiles et s’accumulent à mesure que le monde change.
Collectivement, ce type de dette affecte considérablement la valeur et la marque d’une entreprise. En cause, de vastes ensembles de processus métier coûteux « soutenus » par un patchwork de technologies qui sont pour la plupart du temps non optimisées, non connectées, et incohérentes.
L’hyperautomatisation est la clé pour les entreprises qui veulent atteindre à la fois l’excellence et la résilience opérationnelle numérique.
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