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Jacques-Antoine Granjon, l’homme derrière Veepee

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Jacques-Antoine Granjon est un entrepreneur français qui a fait fortune dans l’Internet avec son site d’e-commerce Veepee, et il figure en bonne place dans le classement des hommes les plus riches de France, avec un patrimoine estimé à plus d’un milliard et demi d’euros. Son allure atypique et son franc-parler se remarquent dans l’univers plutôt feutré des grands patrons français. Ainsi, le businessman basé à Paris exhibe une chevelure interminable rehaussée d’une barbe de quelques jours, et il lui arrive aussi de se rendre au bureau en Bentley rose. Comme il l’explique lui-même : « Il vaut mieux avoir des cheveux longs et propres que courts et sales ».

L’entrepreneuriat dans le sang

Jacques-Antoine Granjon vient d’une famille d’entrepreneurs marseillais, et son oncle est d’ailleurs le fondateur de la multinationale de sous-traitance pour la restauration collective, Sodexo.

Né dans la cité phocéenne en 1962, le jeune Granjon n’effectue pas une scolarité exemplaire, malgré que ses parents l’aient envoyé dans les meilleurs établissements privés parisiens tels que le lycée Saint-Louis-de-Gonzague ou l’Institution Notre-Dame de Sainte-Croix. Le Marseillais doit s’y prendre à deux reprises avant de décrocher son bac, preuve que les études ne le passionnent guère. Il fréquente ensuite une école de commerce du 15e arrondissement, l’European Business School tout en profitant pleinement des délices offerts par les nuits parisiennes. C’est d’ailleurs en discothèque qu’il fait la rencontre de professionnels du secteur des soldes, qui suscitent son intérêt. À tel point qu’il décide, en compagnie d’un camarade de promo dénommé Julien Sorbac, de se lancer à l’assaut de ce créneau dans lequel il entrevoit de belles possibilités. Les deux compères créent la société Cofotex en 1985 et commencent à racheter les stocks d’invendus aux grandes marques pour les céder ensuite à des enseignes de déstockage. De fil en aiguille, ils deviennent les leaders français du secteur et durant l’année 1996, l’entreprise quitte le centre de Paris et part s’installer à la Plaine–Saint-Denis dans le 93, autrefois siège des anciennes imprimeries du quotidien Le Monde que Granjon vient de racheter.

Le tournant du numérique avec Vente-privee.com 

C’est au tournant du siècle que le business de Jacques-Antoine Granjon va prendre une nouvelle dimension. Cela étant, sa première expérience dans le monde de l’Internet va s’avérer être un échec. Ainsi, en 2000, il acquiert 20 % du capital de la plate-forme Internet Just Trade It, qui met en relation les soldeurs et les marques. Quelques mois plus tard, et malgré un investissement à hauteur d’un million d’euros, la boîte cesse son activité. 

Le génie de Granjon, c’est de ne pas abandonner l’idée, mais au contraire de continuer à croire au numérique en tant que vecteur de croissance du e-commerce. Sans attendre, il fonde Vente-privee.com au début de l’année 2001 en compagnie de plusieurs autres associés. Le principe derrière cette start-up est simple : aider les grandes marques à écouler leurs fins de stock d’une manière rapide et efficace. Le problème, c’est qu’au début des années 2000, à la fois les entreprises et les consommateurs ne sont pas encore mentalement prêts à évoluer en ligne, et Vente-privee.com connait un démarrage difficile,  perdant beaucoup d’argent lors des trois premiers exercices. Granjon, le patron, évoque même alors l’idée de tout arrêter. Mais en 2003, subitement, le vent va tourner et c’est une vente de lingerie en gros qui va populariser le site. C’est le déclic et Vente-privee.com commence à trouver son public puis s’engage désormais dans tous les segments possibles : places de concert, vins, vêtements, voyage, etc. Devenu numéro 1 du déstockage en France, Vente-privee.com part à la conquête du marché européen en 2006 et américain en 2011 en association avec American Express. La plate-forme ne se limite plus au déstockage et propose de la musique en exclusivité pour la sortie des albums de Patricia Kaas et d’Iggy Pop, par exemple. Certaines marques de prêt-à-porter conçoivent même des collections spéciales réservées au site d’e-commerce créé par J.A. Granjon.

Le succès commercial aidant, de gros investisseurs sont entrés au capital de l’entreprise, notamment des fonds américains et qataris. 

Vente-privee.com s’étend en Europe durant la décennie 2010 en rachetant Privalia, un site de vente espagnol et en prenant une participation substantielle dans Eboutic.ch, un site suisse.

Un grand changement s’opère lorsque la plate-forme change de nom au mois de janvier 2019 et devient « Veepee ». Actuellement, la société dirigée par Jacques-Antoine Granjon approche les 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuels dont la moitié provient des marchés étrangers. Veepee est leader en Europe et en Amérique latine et emploi plus de 6000 collaborateurs dans 14 pays différents.

Lorsqu’on évoque le géant Amazon et la menace qu’il représente en présence du boss de Veepee, celui-ci rétorque que la plate-forme américaine et sa société ne font pas le même métier. Il affirme ainsi qu’Amazon répond à des besoins, tandis que Veepee correspond plus à un type d’achat impulsif. Concernant une éventuelle entrée en bourse ou une vente de Veepee, Granjon garantit que sa société possède suffisamment de trésorerie et n’a pour l’instant pas la nécessité d’effectuer une telle opération. Et comme il souhaite continuer à voir sa création mûrir et grandir, céder Veepee ne fait pas partie de ses projets.

J. A. Granjon, un homme d’affaires aux multiples facettes

À l’instar de beaucoup d’autres entrepreneurs à succès, Granjon n’est pas le type d’homme à se contenter d’une activité unique.

En 2011, par exemple, il a créé l’EEMI, École Européenne des Métiers de l’Internet en association avec deux autres grands noms du business numérique hexagonal : Xavier Niel et Marc Simoncini. 

Le natif de Marseille est également sans surprise devenu un investisseur recherché. Il a ainsi soutenu le démarrage de start-up françaises comme Keecker ou Festicket. À nouveau en compagnie de Niel et de Simoncini, il organise en 2013 un concours intitulé « 101 start-up » où 101 jeunes pousses du secteur numérique sont sélectionnées et bénéficient d’une dotation de 25 000 euros chacune. Toujours avec les mêmes compères, Granjon investit personnellement la somme de 3 millions d’euros dans une entreprise de matériel hi-fi française, Devialet.

L’homme d’affaires basé en Seine–Saint-Denis a également une passion pour le théâtre et il rachète le Théâtre de Paris en 2013, et le Théâtre de la Michodière en 2014, pour un total de 11 millions d’euros.

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